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Trophées de Chasse Humains (TCH)
 



Les Trophées de Chasse Humains sont des bustes en plâtre émergeant du mur comme des trophées animaliers. Une plaque de laiton fixée sous le trophée permet d’identifier le modèle par son nom et la date de la prise (éventuellement le nom du commanditaire).

Parents, amis, collaborateurs, amateurs… sont autant de " proies ", qu’Olivier Goulet moule sur le vif.



tableau de TCH , 2001
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TCH de Bernard Martin, 2003
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tableau de TCH , 2002
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Le visage du modèle est reproduit dans ses moindres détails, le plus souvent les yeux clos. La représentation du corps est fragmentaire : le visage, le cou, et les épaules sont fixés sur un noyau générique, structure archétypale qui nous est commune à tous, visible en tant que crâne sous le visage. Les coutures de ce corps morcelé et recomposé deviennent bourrelets, cicatrices, nouveaux nœuds fonctionnels de l’organisme. C’est au niveau du cou que les accidents sont le plus fréquent et le plus révélateur de la morphologie humaine. Le cou, goulot d’étrangement, devient porte tête ou collerette, comme pour insister sur le statut particulier de la tête au sein de notre corps.

Les couleurs, volontairement non réalistes, insistent sur l’aspect métaphorique de ces pièces et évitent tout semblant naturaliste. Apparemment monochromes, les trophées présentent une coloration subtile, produisant une vibration visuelle qui leur donne vie. L’aspect brillant du vernis au contraire fige la figure dans son statut d’objet.

Rapidement, on en vient à s’envisager soi-même comme trophée, ou à vouloir posséder l’effigie d’un de ses proches… à moins d’être horrifié par cette idée. Dans tous les cas, on risque d’être touché à un niveau profond de notre affect.

Les TCH sont une métaphore des relations complexes, troubles, de pouvoir et de désir qui existent entre les hommes. Ils nous renvoient à notre propre questionnement existentiel et interrogent nos relations aux autres.

Pourquoi les TCH nous font-ils autant d’effet ?...

On est frappé par la ressemblance du modèle, qui se trouve comme réincarné.

L’énigmatique présence que dégagent les trophées provoque des sentiments ambivalents chez le spectateur. L’illusion de vie et l’impression de mort cohabitent avec force.

On est admiratif, à la fois troublé et mal à l’aise face à ce corps immobile. Ce masque mortuaire, figé, sans regard, impose majesté, sérénité et suggère l’immortalité du modèle, conformément à la tradition du portrait sculpté.

De fait, les trophées " nous parlent autant de nos angoisses sous jacentes liées à notre finitude, que des liens étranges entre les individus ". Ils nous interpellent parce qu’ils abordent des problématiques toujours contemporaines : l’homme face à la mort, face à lui-même, face aux autres… ".

Se référant explicitement au thème de la vanité, ils sont un simulacre de plus " qui nous donnent l’impression de prolonger notre existence au-delà de notre mort biologique ", et l’illusion de transcender notre mort.

L’homme aspire à être reconnu et promu, comme en témoignent entre autres les émissions de télé-réalité. Il veut laisser une trace, donner une suite à son existence, se voir pérennisé.




TCH de Céline Flécheux, 1999
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TCH d’Eric Arlix, 1998
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TCH de Léonie Goulet, 2001
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Les TCH nous rappellent les " chimères " qu’invente notre société actuelle comme " fausses garanties de reconnaissance et de survie ". Le mythe du clonage (duplication de l’être) et la célébrité (Star système) nourrissent les fantasmes collectifs, et les imposent comme condition sine qua non de la vie.

Les TCH pastichent ce qui définit usuellement l’identité dans nos sociétés (cf. carte d’identité), pour montrer l’insuffisance de ces repères pour caractériser un individu et rendre compte d’une vie.

Comme des tableaux de chasse, les Trophées de Chasse Humains peuvent être présentés en groupe. L’effet d’accumulation et de série suggère une " collection " de spécimens d’une espèce en voie de disparition…

C’est non sans humour qu’Olivier Goulet propose :

 

Vous — Vos amis — Votre collection 

 Il est très simple de devenir trophée à votre tour,

ou de transformer la personne de votre choix en trophée de chasse humain 

Il ornera votre maison ou votre lieu de travail

à la plus grande surprise de vos familiers ou de vos visiteurs




L’expérience de la prise

Le moulage sur nature du modèle, est une étape particulière dans la réalisation du trophée. C’est un moment intense de rapports humains, un acte de complicité partagée, où l’artiste touche le modèle qui se laisse aller en toute confiance. A l’inverse de la chasse, la proie est ici consentante… Le chasseur (l’artiste) doit apprivoiser sa proie pour en obtenir un trophée.

Comment ne pas ressentir, avant une séance de prise, une appréhension, une crainte d’étouffer ? On se demande : comment vais-je me transformer en objet de plâtre ?

Pour le modèle, le rapport au monde environnant se trouve bouleversé lorsque le plâtre investit la peau de son visage, puis de son buste. Ne risque d’être en proie à un sentiment d’isolement progressif, en perdant l’usage de ses yeux et de ses oreilles ? A la sensation de froid au contact du plâtre, succède l’agréable impression de caresse et de chaleur. Il peut se croire entre les mains d’une esthéticienne qui lui applique sur le visage une argile régénératrice.

Rapidement, cette crème se rigidifie pour prendre son autonomie : le plâtre prend, forme une coque. La mue est prête à se désolidariser de la peau et à se décoller du corps.

Lorsqu’il découvre ses traits définitivement figés en négatif, le modèle est toujours surpris. Il cherche à se reconnaître sans vraiment y parvenir — il est vrai qu’on ne peut se regarder les yeux clos…

L'expression du modèle, ses tensions corporelles, et une part de sa personnalité viennent s’inscrire dans le trophée. S’il a respiré trop fort ou bougé, si le plâtre a pris trop vite, ou si des accidents se produisent lors du transfert, le trophée s’en nourrira pour créer une nouvelle identité. Les trophées " Le soldat inconnu ", " La naissance " ou " La bête " en sont une bonne illustration.

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Contact presse Fabienne Stahl : 06 12 54 45 52 - 02 32 26 32 33 - @


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